Comment influencer son enfant pour qu'il nous écoute (sans manipulation ni punition)

Si tu es parent et que tu n'arrives pas à te faire écouter par ton enfant. Si cela devient pénible et épuisant de devoir crier, punir et que rien n'y fait, voir cela empire... Si tu veux trouver des manières douces et respectueuses des besoins de l'enfant pour le cadrer, cet article est fait pour toi...

Il n'existe pas que le cadre par la peur et la punition. 

 

 

On peut aussi mettre un cadre à son enfant de manière empathique et bienveillante, en respectant et en satisfaisant ses besoins essentiels. 

 

 

Petite précision importante sur le titre de l'article. L'influence c'est convaincre pour le bien de l'enfant alors que la manipulation c'est imposer sa volonté d'adulte sans prendre en compte le fonctionnement normal du développement de l'enfant, ses émotions et ses besoins. Encore faut-il les connaître pour les reconnaître chez l'enfant... On peut donc être dans la manipulation sans s'en apercevoir car on manque d'empathie. Surtout si on reproduit sans réfléchir son éducation qui a souvent banalisé cette manipulation et même cette violence. La manipulation c'est un cadre sans empathie...   

Beaucoup d'études scientifiques prouvent la nocivité du cadre par la peur et la punition. Le manque d'empathie fait que l'enfant ne saura pas gérer ses émotions car il ne va pas les reconnaitre, voir il va se punir de ressentir des émotions en rejouant ce que ses parents lui faisaient subir... Il va aussi développer un fonctionnement extrême de tout ou rien. Soit il sera soumis mais va accumuler colère et frustration (et peut s'en vouloir et finir déprimé sans savoir pourquoi) soit il va être rebelle et exploser sur les autres. Il va développer des schémas dysfonctionnels perturbant son développement et son équilibre psychologique. Il ne développera pas l'empathie avec les autres et cela perturbera ses relations... Et plus subtile encore : plus il est manipulé par ses parents, plus il va manipuler ses parents et les autres en retour (mensonges, dissimulations, chantage affectif...). 

L'empathie des parents va aider l'enfant à mieux gérer ses émotions et à développer lui-même cette empathie… Encore faut-il connaitre les émotions, les besoins et le fonctionnement normal de l'enfant pour le comprendre et donc qu'il se sente compris... 

Cet article va insister sur les différentes méthodes pour se faire écouter sans devoir crier ou punir. Les méthodes suivantes sont classées du plus adapté au moins adapté, ainsi que du plus efficace au moins efficace.

1) Un cadre par l'empathie :

Comprendre le fonctionnement normal de l'enfant et ses besoins essentiels pour les satisfaire. Ce sont les mêmes pour les enfants et les adultes ! Donc si en tant que parents vous satisfaites vos propres besoins, vous devenez un modèle sain pour votre enfant. Inversement, plus vous satisfaites les besoins de votre enfant, plus vous satisfaites aussi les vôtres. Un besoin non satisfait dans l'enfance déclenche des schémas automatiques d'adaptation dysfonctionnels. Plus on a un manque dans l'enfance, plus on a besoin de le satisfaire à l'âge adulte. 

Il faut bien comprendre que l'enfant répète ce qu'il voit à la maison, la violence engendre la violence, la manipulation engendre la manipulation... L'empathie est l'inverse de la manipulation... l'enfant n'est pas un objet... L'enfant est une personne comme disait DOLTO. 

Voici une synthèse des besoins essentiels à connaitre et à satisfaire chez l'enfant pour qu'il vous écoute et vous respecte : 

  •  Sécurité affective : Plus vous serez présent, doux, affectueux, constant, bienveillant, respectueux, calme. Plus vous aimerez vos enfants et plus ils s'aimeront et plus ils aimeront les autres donc ses parents aussi... C'est valoriser, féliciter et encourager son enfant. On parle aussi de contenir l'émotion de l'enfant en lui faisant un câlin comme pour partager sa souffrance. Le parent doit être contenant par rapport à la frustration de l'enfant. Accompagner son enfant par la main ou le porter va l'aider s'il est récalcitrant. Il est crucial aussi de faire des demandes calmement et d'être doux avec son enfant. Tout cela va le sécuriser, donc il se défendra moins par la colère...

 

  • Autonomie : Plus vous accompagnerez votre enfant dans les activités quotidiennes avec patience jusqu'à ce qu'il sache les réaliser seul, plus il aura confiance en lui et deviendra autonome rapidement et efficacement. La patience est pas toujours simple à avoir mais c'est essentiel pour qu'il devienne rapidement autonome, donc c'est aussi bénéfique pour vous !

 

  • Cadre : Mettre des limites (sur son comportement, sa frustration). L'aider à développer une discipline. Mettre en place des règles à respecter, des rituels, une organisation claire. Tout cela rassure l'enfant et l'aide à maitriser et calmer ses émotions. Mais attention le cadre n'est qu'un 5ème de ses besoins. Trop de parents insistent trop là-dessus et délaissent les autres besoins. Surtout les anciennes générations où la violence et la manipulation par manque d'empathie et d'information étaient banalisées... C'était la norme...

Pourtant, la violence engendre la violence, la manipulation engendre la manipulation. En plus si on donne un cadre mais par de la violence le parent n'est qu'à moitié dans un cadre lui-même… C'est à dire qu'il donne bien des limites et des règles à respecter mais s'il est lui-même violent il n'est pas dans la mesure et la tempérance qui fait aussi partie du cadre... Et donc il ne donne pas un modèle sain à l'enfant.

Il est aussi important d'être cohérent avec l'autre parent sur l'éducation et en parler en aparté si besoin. Sinon l'enfant sentira l'incohérence et s'engouffrera dans cette brèche. Le cadre demande une fermeté et une cohérence dans l'éducation.

Les règles de la maison peuvent être écrites et placardées quelque part dans la maison. Chacun aura des règles à respecter selon l'âge de l'enfant. Même les parents pourront demander à leur enfant comment s'améliorer avec eux. Si c'est raisonnable et satisfaisant pour leurs besoins, cela pourra être noté dans les règles aussi. 

Il est aussi très important de faire comprendre à l'enfant le principe de réciprocité. Chacun est libre d'exprimer ses émotions, ses besoins et son avis à condition de le faire avec mesure (sans crier, sans insulter, sans rabaisser). Et nous sommes tous interdépendants. Il est normal de demander, de recevoir mais aussi de donner. Il est normal de donner si on reçoit en retour. Les parents font des efforts pour leur enfant. Il est donc normal que l'enfant en fasse aussi un peu pour eux selon ses capacités liées à son âge.

La violence doit aussi être bannie le plus possible, mais pas par de la violence, cela n'aurait pas de sens... 

Organisation, souplesse et donneurs de temps : Quand l'enfant commence à jouer, il est important de lui dire aussi quand cela va s'arrêter et lui montrer sur une pendule. Une alarme est très utile aussi. Cela donne un repère à l'enfant qui comprend que c'est la fin de l'activité. Un donneur de temps externe passe mieux qu'un arrêt brutal des parents. Laisser un peu de temps à l'enfant pour finir son activité puis l'accompagner pour la suite de la journée. La journée doit être cadrée, rythmée mais avec bienveillance, empathie et souplesse.   

Un calendrier et un planning hebdomadaire va aussi l'aider à se projeter dans l'avenir de manière à se rassurer.  Si les activités sont bien établies à l'avance cela sera plus simple pour l'enfant de les accepter.      

  • Reconnaissance de soi : on est ici sur le besoin essentiel d'empathie envers l'enfant. Si l'enfant se sent écouté, compris par ses parents, il développera lui-même cette empathie avec les autres et gèrera beaucoup mieux ses émotions car il les reconnait plutôt que de les bloquer ou pire les rejeter (cela déclenche beaucoup d'angoisse...). Et donc il aura de l'empathie pour ses parents aussi... il sera plus calme donc beaucoup moins rebel... Le problème, c'est comment avoir de l'empathie si je ne connais pas le fonctionnement de l'enfant, ses émotions, ses besoins... impossible... on croit faire ce qui est bon pour son enfant alors que ce n'est pas le cas par manque d'informations et d'empathie... Voir tout en bas les articles pour comprendre les étapes du développement de l'enfant et ses émotions.

C'est aussi écouter son enfant, s'intéresser à ce qu'il vit, ce qu'il aime et l'intégrer dans les décisions qui le concernent (selon son âge) etc... 

 

  • Spontanéité et jeu : besoin très important à comprendre chez l'enfant. L'enfant apprend par le jeu. Vous pouvez transformer n'importe quelle demande en jeu, cela fonctionne à tout les coups ! Exemple : "le premier qui fait ceci ou cela a gagné !" (peut se faire pour tout), "Allez on fait un jeu t'as 10 secondes pour mettre tes chaussures" "vite il faut ranger les jouets dans le coffre sinon les pirates vont tout prendre, cachons les vite !". "Vite cache-toi dans le lit les pirates arrivent !". Cela fait travailler la créativité chez le parent et amène de l’enthousiasme et l'amusement du rire et évite les conflits épuisants. 

On peut aussi projeter un jeu qu'il aime qu'on fera ensemble pour l'influencer à nous suivre. Exemple : "Viens on va s'amuser avec ..." "Viens avec moi à la maison tu pourras t'amuser à..."                

Pour faciliter l'autonomie aux toilettes, ne pas ordonner de faire... cela bloque... pour aller aux toilettes comme pour dormir, il faut de la détente… Lire un livre, jouer à des figurines, regarder un petit film aident à la détente et donc à faire caca aux toilettes. Généralement il est plus difficile pour l'enfant de faire caca car cela crée plus de résistance et peut faire mal, surtout s'il est constipé, du coup il va se bloquer encore plus. Et si ces parents lui mettent la pression, cela empirera la situation...  

Plus vous ancrez une activité comme positive et amusante, plus l'enfant sera enthousiaste et motivé pour la réaliser ! 

Pour les devoirs ne soyez pas trop exigeant et punitif, sinon vous allez le bloquer encore plus… Trouvez un moyen de vous amuser en travaillant. Générer une ambiance détendue et tranquille pour motiver l'enfant à travailler. Si vous lui avez ancré que travailler c'est dur, éprouvant, pénible et que vous lui mettez la pression, ça ne va pas le motiver... 

Un enfant a aussi besoin de moments de liberté où il peut tranquillement jouer. Mais il a aussi besoin que ses enfants jouent avec lui... Plus un enfant prend du plaisir et rigole avec ses parents, plus il sera satisfait, donc moins frustré, donc plus calme. 

Un enfant a besoin de décharger la pression accumulée à l'école et jouer avec ses parents va beaucoup le calmer. Pour être calme, il faut bien lâcher la pression. Et surtout l'enfant n'est pas capable biologiquement de gérer ses émotions contrairement à l'adulte... 

L'autoriser à lâcher ses émotions dans un cadre sécurisé, crier dans un coussin, taper un coussin. raturer sur une feuille... 

L'adolescent a vraiment besoin de liberté car il doit trouver sa vraie personnalité en dehors de la sphère familiale, c'est important pour son développement. C'est le moment où il faut lâcher le plus le cadre tout en restant un filet de sécurité, c'est-à-dire expliquer les conséquences possibles de ses actes (le responsabiliser) et en affirmant qu'on sera toujours là pour lui si besoin. 

 

2) Encourager, féliciter et récompenser

Les études scientifiques montrent que la punition est peu efficace. L'enfant écoute moins et développe une forme de rébellion : "va y punis-moi !, j'encaisse bien, même pas mal" voire il va frapper lui-même ou cherche à punir ses parents ensuite... Il se créé alors un fonctionnement de "tout ou rien" déséquilibré : soit l'enfant est soumis, soit il est agressif. Le fameux "passif agressif", j'encaisse jusqu'à exploser, ou imploser en dépression... 

Encourager, valoriser, féliciter permet de satisfaire son besoin de sécurité affective et va dissiper sa frustration. 

La récompense fonctionne aussi mieux que la punition. On éduque depuis longtemps les chiens par la récompense... Cela ne nous viendrait pas à l'idée de punir un chien ou de le frapper ? Donc pourquoi le fait-on pour les enfants ? (réponse plus bas). 

Il est aussi très efficace de proposer une surprise à l'enfant s'il écoute. En plus de la projection d'une récompense, la curiosité motive également. 

 

3) La psychologie inversée ! 

Si votre enfant est dans un mode rebelle à toujours dire non ou à faire l'inverse de ce que vous lui demandez (2-5 ans, adolescence) vous allez demander l'inverse de ce que vous voulez. ex : "Non ne mange pas ton assiette, Ne reste pas à table". "Ne fais pas ça, c'est interdit". Mais il faut utiliser une forme négative "Ne fait pas ..." alors que vous voulez qu'il le fasse. 

S'il est vraiment dans un mode rebelle cela marche bien, en tout cas vers 2-5 ans. A l'adolescence, je suis pas sûr... à tester, tiens-moi au courant !

C'est une bonne méthode car cela évite toute violence ou manipulation et fait gagner du temps. C'est simplement de l'influence car on comprend son fonctionnement et cela arrange tout le monde... L'enfant peut rester dans son mode rebelle car il en a besoin pour apprendre à s'affirmer et continuer son développement normal. 

Hormis son développement normal de rébellion (2-5 ans et adolescence), un enfant rebelle demande plus de temps de qualité avec ses parents... Mais il ne sait juste pas l'exprimer... surtout si ses parents sont aussi en mode rebelle… il va reproduire ce qu'il voit. Satisfaire les besoins essentiels de son enfant est vraiment la priorité (point 1 plus haut). 

4) L'indifférence, ignorer le comportement rebelle de l'enfant et attendre... 

Ne rien faire. Ne pas passer à la suite tant que l'enfant ne nous parle pas bien ou qu'il ne fait pas ce qu'on lui dit. Cela évite l'épuisement et le conflit. Et au bout d'un moment l'enfant voyant que son comportement n'a pas d'impact il va laisser tomber et le faire. Cela est un fonctionnement automatique du cerveau. Et c'est aussi positif pour l'enfant qui apprend ainsi le cadre, les règles et la gestion de la frustration. Il peut même le faire à son rythme puisqu'on ne lui met pas de pression. 

5) La punition (doit être exceptionnel) 

On éduque les chiens par la récompense et plus par la punition, donc pourquoi devrait on punir les enfants ? cela n'a pas de sens... les chiens sont plus importants que nos enfants ? on les respectent plus ? Non c'est surtout que la violence "ordinaire" psychologique et physique est banalisée. Attention plus on punit un enfant plus il sera punitif envers lui même ou les autres... Plus on est violent plus l'enfant reproduira cette violence d'une manière ou d'une autre. Soit il sera violent envers lui même soit envers les autres... 

Mais je ne suis pas fermé à la punition non plus s'il n'y a pas de violence, de cris, d'insultes ou de rabaissement. Je pense que c'est parfois nécessaire pour faire comprendre l'interdit. Si on agit d'un coup différemment avec autorité, on hausse le ton (sans crier), on change de regard cela peut suffire à ce que l'enfant nous écoute si ses autres besoins sont satisfaits... 

Quand l'enfant se met en danger ou met en danger les autres, ou a un comportement violent je pense que cela peut nécessiter une "punition". 

Quand on punit je pense qu'il est important d'expliquer pourquoi l'enfant est punit pour qu'il comprenne le sens de la punition et la respecte. Sinon il peut développer de l'injustice. Mais si tout ces besoins essentiels sont satisfaits il ne devrait pas développer de blessure ou de schéma ensuite.  

Dans ces quelques cas je conseille 3 techniques les moins pires selon moi

L'isolement, dans la chambre ou un coin. Cela lui fait comprendre que pour vivre en société il faut respecter certaines règles et mesurer sa façon de parler et de se comporter. On l'isole et on lui demande de réfléchir à son comportement et pourquoi il a été punit. On le laisse extérioriser ses émotions. Et la personne qui a punit l'enfant lève la punition et en parle tranquillement ensuite. 

La privation : priver l'enfant de quelque chose qu' il aime n'est pas forcément l'idéal mais cela peut s'avérer efficace et surtout ce qui est positif c'est qu'il apprend ainsi à se restreindre et à gérer sa frustration (besoin de cadre essentiel pour l'enfant). L'attente génère aussi du désir et donc du plaisir de le retrouver. Et il associe aussi le fait que quand on se comporte mal on n'est pas récompensé et on peut être punit. N'est ce pas un message moral à intégrer ? 

Ces deux techniques peuvent être projetées et pas forcément exécutées. Ex : "Si tu ne fais pas ça, tu ne pourras pas faire ceci" (ce qu'il aime le plus) ou "si tu fais ça, tu seras isolé dans ta chambre,c'est toi qui vois…" 

Ancrage  de punition : quand l'enfant va trop loin, vous pouvez compter jusqu'à 3 et à 3 répéter toujours la même punition... au bout d'un certain temps l'enfant associe le comptage à la punition donc il s'arrêtera net et vous n'aurez même plus besoin de le punir ! Cela fait gagner du temps et évite des conflits ou des négociations trop longues et fatigantes... 

 

Pour aller plus loin :

Si tout cela ne suffit pas je te recommande grandement de consulter un spécialiste d'aide à la parentalité et pourquoi pas aussi de faire une thérapie car comme tu l'as compris nous sommes des modèles pour nos enfants car ils apprennent surtout par mimétisme... Et je pourrai éventuellement t'accompagner pour un suivi mixte (aide à la parentalité et thérapie individuelle). Surtout une thérapie des schéma qui permet de connaitre ses propres automatismes dysfonctionnels bloquants une satisfaction de ses besoins essentiels et donc perturbant son propre équilibre. Et vu que les besoins essentiels sont les mêmes pour les enfants et les parents tu transmet ainsi un modèle sain à ton enfant. Cela arrange tout le monde et créera de l'harmonie à la maison.  Il existe aussi des thérapies familiales qui pourraient être intéressantes. 

A voir pour aller plus loin sur le sujet :

voir mon article sur la banalisation de la violence psychologique ou physique envers l'enfant. 

Mon article complet pour comprendre les émotions 

Mon article complet pour comprendre les 5 besoins essentiels 

Mon article sur les étapes clés du développement de l'enfant à connaitre pour développer son empathie et le comprendre. 

Aide à la parentalité. 

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